ARMAND DE DECKER, président du Sénat belge: «La gauche européenne fait une mauvaise analyse de ce qu'est l'Autorité palestinienne»

BRUXELLES
Armand De Decker, président du Sénat belge et de la Commission de Contrôle des Services de Renseignement et de Sécurité de l'Etat est un des hommes politiques les plus élégants du Royaume, moralement et physiquement. Il prépare une motion pour souligner le caractère inacceptable des actes terroristes palestiniens qui sera très prochainement soumise au Sénat et s'intéresse de très près aux réseaux islamistes implantés en Belgique.

Sara Brajbart Peut-on parler en Belgique de réseau terroriste ? Il y a-t-il une hydre à abattre ? Ou s'agit-il plutôt d'une nébuleuse de groupes qui agissent sans lien entre eux, reliés ou non à une centrale terroriste et qui projettent des attentats en Europe comme en Amérique où ils veulent s'imposer ?

Armand De Decker La Commission de contrôle des services de renseignement que je préside a eu l'occasion d'examiner un rapport sur la manière dont nos services de renseignement contrôlent l'islamisme radical en Belgique. Ce rapport a été déposé voici quelques mois et adopté en séance publique du Sénat. Dans ce rapport, concernant les réseaux islamistes, on voit qu'il existe plusieurs organisations qui visent à radicaliser différentes catégories de musulmans en Belgique. Elles ne sont pas toutes reliées entre elles, mais elles ont plus ou moins le même objectif. Il s'agit : des Frères musulmans, des wahhabites, des salafistes, ou du Milli Görüs turc… Elles ambitionnent de couper les jeunes musulmans de la société belge en les poussant à se replier sur leur propre culture, à se tourner vers un islam dit « pur » et donc à s'opposer ou à rendre impossibles toutes les politiques d'intégration que les autorités belges développent depuis trente ans. Ces jeunes musulmans ré-islamisés de manière radicale sont ensuite des cibles faciles pour les recruteurs des réseaux terroristes. Ce qui s'est d'ailleurs réalisé dans le cas des assassins de Massoud, comme l'explique si bien Marie-Rose Armesto dans son livre « Son mari a tué Massoud ». Elle y décrit parfaitement ce processus d'embrigadement.

S. Brajbart On ne savait pas avant ce livre ?

A. De Decker On savait depuis quelques années que certains musulmans partaient à Londres puis en Afghanistan. Les services de sécurité les avaient repérés, c'est pour cela qu'on a pu en arrêter tout de suite. Nizar Trabelsi, par exemple, qui devait organiser l'attentat contre l'Ambassade des États-Unis de Paris. Trabelsi, ancien footballeur, semblait intégré à notre société. Comme l'assassin de Massoud, un jeune homme parfaitement intégré, assez occidentalisé au départ, mais récupéré par les islamistes à Bruxelles…

S. Brajbart Il était intégré mais il n'avait pas de travail.

A. De Decker Mais on en devient pas terroriste pour autant. Rien ne justifie un acte terroriste commis sur les innocents. Même s'il avait eu un boulot régulier, il se serait tourné vers le terrorisme. Ceux qui pilotaient les avions qui se sont écrasés sur les tours jumelles de New York n'étaient pas nécessairement des chômeurs laissés pour compte de la société.

S. Brajbart Qu'est-ce qui motive ceux qui font le choix de la violence ?

A. De Decker C'est plus que de la violence, c'est une violence qui implique aussi le suicide. La démarche ne vise pas une révolte sociale, c'est une guerre qu'ils veulent mener contre la société occidentale dont ils combattent les valeurs. C'est au nom de la religion qu'ils mènent leur lutte. Au nom de l'islam. Bien sûr, le phénomène de globalisation actuelle a pour effet d'écarter de nombreux pays et de régions des pouvoirs stratégiques de décisions concernant le fonctionnement de la planète… Ce n'est pas sans créer des frustrations et des désirs de vengeance. Ils veulent aussi détruire les régimes musulmans modérés du monde arabe et d'Asie qu'ils considèrent comme pervertis.

S. Brajbart Les mises sur écoute téléphonique sont-elles permises en Belgique ?

A. De Decker Pas en dehors des procédures judiciaires. Pour être permises, la mise sur écoute doit être décidée par des magistrats. Seul le service de renseignement militaire peut organiser des écoutes à l'étranger. Un projet de loi du gouvernement a été voté à la Chambre qui renforce les capacités d'écoute du renseignement militaire et il y a un projet de loi du gouvernement actuellement soumis à l'avis du Conseil d'Etat qui vise à autoriser la Sûreté de l'État à procéder à des écoutes administratives. Certains, paradoxalement les socialistes flamands, voudraient que des mises sur écoute de nature administrative puissent également être réalisées par la police. Nous nous y opposons formellement. Ce n'est pas parce que nous luttons contre le terrorisme que nous devons changer le régime dans lequel nous vivons. Si la police veut organiser des mises sur écoute de nature administrative, donc antérieures à toute enquête, on s'expose à des risques évidents de dérives. Mais, bien entendu, nous sommes en faveur des écoutes administratives par la Sûreté de l'État dont le champ d'action concerne le domaine du terrorisme et du grand banditisme qui sont d'ailleurs souvent liés. Bien entendu, chaque écoute requiert l'autorisation préalable du ministre et nécessitera un contrôle a posteriori, par exemple, par le Comité permanent de Contrôle des Services de Renseignement.

S. Brajbart La collaboration entre les services de sécurité belges et étrangers fonctionne-t-elle correctement ?

A. De Decker Depuis le 11 septembre 2.001, la collaboration internationale est plus efficace. Euro Pol fonctionne plutôt bien. Les réunions ont lieu aussi souvent que nécessaire, alors qu'auparavant la conférence de Berne réunissait les patrons des services de renseignements une fois par an. Chaque service collaborait avec les autres mais sur base de la règle du donnant - donnant. Je te donne une info, tu m'en donnes une aussi. Tu ne m'en donnes pas, je ne t'en donne pas. Maintenant, c'est ouvert, permanent, automatique. Est-ce efficace à 100% ? On peut l'espérer.

S. Brajbart Abu Jajah et ses milices qui ont agi particulièrement à Anvers ont prétendu s'ériger en contrôleurs de la police, cela n'a pas manqué d'inquiéter la population…

A. De Decker Abu Jajah est l'expression du même phénomène de repli sur soi de certains groupes islamistes. La constitution de ces milices de surveillance de la police est inacceptable au niveau des principes. Abu Jajah est un agitateur qui veut faire une carrière politique. Il a un certain charisme, il a été capable de provoquer des émeutes. Il faut réprimer ses agissements dès lors qu'ils sont contraires à l'État de droit. J'ai d'ailleurs déposé une proposition de loi car la loi actuelle sur les milices a été rédigée dans les années 30, face aux groupes rexistes, aux chemises brunes, au VNV… Ces gens-là ne voulaient pas contrôler la police mais prendre la place de la police. La loi ne prévoyait pas le cas où des miliciens se mettent à filmer, photographier ou suivre les policiers comme les milices d'Abu Jajah prétendent le faire. Il faut donc préciser la loi. Ces milices entravent le travail de la police. Elles font de la provocation, jettent le discrédit sur la police et visent à affaiblir l'État de droit. La police doit être contrôlée par les organes légaux et il y en a au moins trois : d'abord, le droit commun, tout citoyen qui souffre du comportement d'un policier peut déposer plainte au Parquet. Ensuite, il existe l'inspection de la police, un contrôle permanent interne à la police. Enfin, le comité P. composé de magistrats et contrôlé par une commission de la Chambre, exerce un contrôle externe sur les services de police. Toute plainte fait dès lors l'objet d'une enquête qui est suivie par le Parlement. Non, les milices de la Ligue arabe européenne sont inadmissibles et seront interdites. La population peut être rassurée.

S. Brajbart Comment expliquez-vous la non intégration de certains musulmans ?

A. De Decker La plupart s'adaptent, partagent avec nous un socle de valeurs communes. Environ 10% les refusent. Avec ceux-ci, il faut être intraitable et ne pas verser dans de l'électoralisme à courte vue. Certains mandataires politiques acceptent un certain sectarisme du monde islamique qu'ils ont combattu toute leur vie lorsqu'il provenait du monde catholique. Philippe Moureaux à Molenbeek (ndlr. commune bruxelloise à forte population d'immigrés d'origine arabo-musulmane) par exemple. Il fait preuve d'un laxisme à très courte vue vis-à-vis des dérives islamistes. Il critique même le fait que l'on ait osé faire un rapport sur l'islamisme radical. Je me rends souvent au Maroc et dans le monde arabe en général et je peux vous dire que les autorités de ces pays ne comprennent pas notre laxisme. Elles estiment, à juste titre, que nous devons faire prévaloir nos valeurs de liberté et de tolérance. Et lorsqu'il y a un problème d'intégration, il faut le dire. À cet égard, Daniel Ducarme (ndlr. Président du Mouvement réformateur, MR) a cassé un tabou, il a ouvert une brèche sur une problématique qu'il n'était pas « politically correct » d'aborder. Il a eu raison.

S. Brajbart L'Exécutif des musulmans de Belgique va-t-il fonctionner à l'instar du Consistoire israélite ?

A. De Decker Vous savez, Jean Gol (ndlr. ancien Vice-Premier ministre, ministre de la Justice– et président du Parti libéral, une des composantes du MR, aujourd'hui décédé) est le premier à avoir planché là-dessus avant 1987. Dans les années 70, lors d'une rencontre avec Fayçal d'Arabie qui lui avait demandé son accord pour construire une grande mosquée à Bruxelles, le Roi Baudouin avait offert un terrain sur le site du Cinquantenaire à cet effet. Ce sont les Saoudiens qui ont géré la mosquée alors que la communauté musulmane ici était majoritairement marocaine, et ce ne fut pas sans provoquer des conflits. C'est ce qui avait motivé la démarche de notre regretté Jean Gol qui voulait mettre sur pied un organe de culte musulman réellement représentatif. Depuis, différentes tentatives pour le constituer ont été menées. Je pense qu'aujourd'hui l'Exécutif est en mesure de fonctionner même si les tensions y sont vives entre les tenants d'un islam moderne et tolérant et les défenseurs d'un islam radical et intolérant.

S. Brajbart Vous êtes opposé à la guerre contre l'Irak ?

A. De Decker Cette guerre risque de balayer les régimes arabes modérés comme ceux de la Jordanie ou de l'Égypte, par exemple. Les Américains sont irresponsables car ils sont capables de faire des guerres sans morts dans leur camp, donc avec des objectifs occultes. Le Président Bush agit comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Par sa démarche agressive qui vise essentiellement à s'emparer des gisements de pétrole irakien, il veut recomposer, à sa manière, toute la géopolitique de la région. Je crains que sa démarche ne renforce les rangs des terroristes islamistes. Le problème, c'est l'après-guerre. Comment vont-ils gérer la situation ? En Afghanistan, ils ont brisé le régime des talibans mais, à Kaboul, ce sont les Européens qui s'occupent de stabiliser le régime. Les Américains ne s'en occupent plus. Si on remplace Saddam par les fondamentalistes qui se sont réunis à Londres récemment pour tenter de constituer les bases d'un autre gouvernement, en quoi aura-t-on progressé ? Saddam est un monstre qui opprime son peuple, mais je crains que ce ne soit un régime islamiste qui le remplace, ce qui ne serait pas nécessairement un progrès. Et on ne m'a pas encore prouvé jusqu'à aujourd'hui qu'il existerait des liens entre Al-Qaeda et Saddam Hussein.

S. Brajbart Les juifs sont assez échaudés par certaines déclarations de responsables politiques belges concernant le conflit israélo-palestinien …

A. De Decker Vous savez , les élus MR sont considérés par certains comme des agents sionistes. (rires). Des parlementaires du MR, Philippe Monfils, Eric André, le sénateur Roelands du Vivier et Anton Schröder se sont rendus en Israël récemment. Aucun membre d'un autre parti n'y est allé. J'ai toujours plaidé pour que l'attitude du gouvernement soit équilibrée. Nous devons assurer aux Israéliens une vie paisible dans un État sûr. Nous pensons aussi qu'un État palestinien doit voir le jour et vivre en paix et en harmonie avec ses voisins. J'ai reçu récemment les familles israéliennes des victimes des kamikazes. C'était très dur. Le terrorisme est inacceptable et il faut y mettre fin. Et sous cette forme d'actes kamikazes, c'est aussi à l'autodestruction morale du peuple palestinien à laquelle on assiste. Lors de la première Intifada, j'ai visité les camps palestiniens de Cisjordanie et de Gaza. Un soir, je me promenais avec un collègue parlementaire à Gaza, je voulais me promener sur la plage. On a fait 30 à 40 mètres, des types dans un café à proximité nous ont fait signe de revenir et nous ont expliqué que l'on risquait d'être pris pour cibles par des soldats israéliens parce qu'il est interdit de marcher le long de la plage le soir. Les plages étaient ratissées tous les soirs pour que personne n'arrive par la mer, n'apporte des armes…Il faut imaginer ces jeunes gens de 14-18 ans qui vivent là et qui n'ont même pas cette liberté-là, et qui donc n'ont aucun espoir. C'est dramatique. Il y a aussi la violence que subissent certains Palestiniens lors de la destruction de leurs maisons dès qu'un membre de la famille est impliqué. J'y ai assisté… On assiste en fait à l'enlisement de ce conflit qui dure beaucoup trop longtemps. De plus, les acteurs des deux camps vont tellement loin dans la violence qu'il sera de plus en plus difficile de trouver une solution négociée, tant la haine et les blessures auront été profondes. Cela pousse à la révolte et cela favorise aussi le recrutement des terroristes par réaction. Sharon ne mettra pas fin au terrorisme par la force. Non, il faut une solution politique négociée.

S. Brajbart Avec Yasser Arafat ?

Arafat caricature d'Arafat

A. De Decker Arafat est aujourd'hui fort affaibli, physiquement et politiquement. Il a commis, à mes yeux, une erreur historique, en refusant les derniers accords de Camp David alors que le Premier Ministre israélien, Ehoud Barak, avait été fort loin dans les concessions. Bill Clinton s'était aussi investi et avait la volonté de faire progresser la paix avant de tirer sa révérence. Mais Arafat ne semble penser qu'à son image …, il devient ainsi sa propre caricature. On n'arrivera sans doute plus à une solution politique avec quelqu'un comme lui. Il faudrait que les Palestiniens élisent un autre chef. Ils ont plusieurs responsables de grande qualité. La gauche européenne idéalise l'Autorité palestinienne

Le problème de la corruption chez certains responsables palestiniens est également préoccupant. Par ailleurs, il faut une prise de conscience plus concrète de la réalité des choses. La gauche européenne fait une mauvaise analyse de ce qu'est l'Autorité palestinienne aujourd'hui, elle l'idéalise et ne mesure pas non plus à sa juste mesure la souffrance du peuple israélien. Mais Sharon n'a pas choisi la bonne voie, ni Netanyahou qui revient comme ministre des Affaires étrangères. L'un comme l'autre ont rendu une solution politique plus difficile. En réalité, il appartiendra aux USA et à l'UE d'imposer la solution politique. D'exiger aussi bien l'arrêt des attentats perpétrés par les Palestiniens que les exécutions ciblées ordonnées par les Israéliens. Mais l'administration Bush et le congrès ne démontrent aucune volonté politique en ce sens. Le Président Bush préfère bouleverser toute la politique du Moyen-Orient par la guerre, au risque de voir l'islam radical renforcé et les terroristes aussi.

S. Brajbart Ce que vous dites-là participe-t-il chez vous d'un anti-américanisme?

L'Europe, bien trop sous influence américaine

A. De Decker Non, j'aime l'Amérique mais je suis d'abord un Européen convaincu. Je n'aime pas voir l'administration américaine agir stupidement comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. On me colle pourtant souvent l'étiquette d'atlantiste parce que, dans les années 80, je me suis battu avec passion pour le déploiement en Europe des pershing et des missiles de croisière américains. Il s'agissait de sauver la cohésion de l'OTAN et de réagir à la menace qu'exerçait l'URSS de Brejnev sur l'Europe occidentale avec ses missiles SS20. C'était l'époque où, comme le disait Mitterrand, « Les missiles étaient à l'Est et les pacifistes à l'Ouest ». J'applique à l'Europe les principes que de Gaulle appliquait à la France. L'Europe doit être souveraine et indépendante et elle est bien trop sous influence américaine. L'Europe, parce qu'elle n'a pas la volonté de se donner une crédibilité militaire, manque cruellement de crédibilité politique. Cette situation me devient insupportable.

S. Brajbart Est-ce que être pro- européen c'est, forcément, être anti-américain ?

A. De Decker Non mais depuis la guerre, il n'y a jamais eu de divorce transatlantique aussi fort que sous cette administration-ci. Sous Clinton, on se voyait peu mais il y avait peu de conflits. Les Américains devraient se rapprocher des thèses de l'Europe et abandonner leur unilatéralisme. Le Congrès des États-Unis est aveugle sur le conflit du Proche-Orient, il suit aveuglément les thèses israéliennes les plus radicales. Il devrait faire pression sur le gouvernement israélien pour arriver à une solution politique. Il accepte l'idée qu'il faut un État palestinien mais ne donne aucune piste pour y parvenir. Il donne le sentiment aux Palestiniens qu'il n'y aura jamais de solution pour y parvenir et au gouvernement Sharon qu'il peut tout faire.

S. Brajbart Vous croyez que Sharon ne veut pas faire la paix ?

A. De Decker Je crois que si, mais il doit arrêter de faire sauter les maisons, arrêter les exécutions sommaires des gens présumés responsables d'attentats. Cesser de croire à une solution militaire. Tant qu'il continuera, les autres continueront. Lorsqu'il assassine sans procès un terroriste, cinq autres se lèvent. Depuis la destruction de la Moukataa, au moment où les démocrates palestiniens commençaient enfin à réclamer des réformes structurelles, on s'enfonce chaque jour davantage dans l'horreur et dans l'impasse.

S. Brajbart Le site Internet « Assabyle.com » prône la destruction d'Israël et incite à la haine contre les Juifs, il est géré par le Centre islamique belge que dirige le Cheikh Bassam…

A. De Decker Ce Centre est évidemment sous haute surveillance depuis que l'on a pu établir son rôle dans la formation et l'envoi en Afghanistan via Londres de Belges d'origine immigrée qui ont participé à l'assassinat de Massoud . Mais bien sûr, il faut sanctionner tout de suite. La loi sanctionnant les actes racistes vient d'être renforcée. Il faut fixer des peines à la mesure de l'infraction que constitue l'injure raciste ou l'incitation à la haine raciale. Si on dispose d'éléments suffisants, il faut arrêter les animateurs de ce Centre, dissoudre l'institution et saisir les biens. Le laxisme ne paie pas. Au contraire, il faut être d'une extrême fermeté.

S. Brajbart Le système électoral actuel basé sur la représentation proportionnelle va-t-il être remplacé par le système majoritaire ?

A. De Decker On juge le système politique d'un pays à la qualité de vie de ses habitants. La qualité de vie en Belgique, à travers les lois du pays en matière de politique économique, sociale et de santé, est exceptionnelle. Les inconvénients du système proportionnel sont de nature politique et politicienne. Bien sûr, un système majoritaire plaît davantage à l'électeur parce qu'il y a un camp qui gagne et les choses sont claires. Mais, après, rien ne se règle nécessairement mieux. Évidemment, quand je vois Sarkozy à l'œuvre, j'aimerais beaucoup pouvoir jouir de sa liberté d'action.

S. Brajbart Dans certaines communes de la région Bruxelloise, a été votée une motion de solidarité avec les communes palestiniennes. Il paraît que Louis Michel, président de votre parti, (ndlr. vice-ministre et ministre des Affaires étrangères du gouvernement fédéral) a accusé réception de la lettre annonçant cette initiative qui mentionne « le terrorisme de l'État d'Israël »...

A. De Decker C'est clair que si j'étais bourgmestre d'une commune, je n'aurais pas inscrit le débat d'une telle motion dans mon conseil communal. C'est insensé de débattre des grandes questions de politique internationale au sein d'un Conseil communal. Ce ne seront jamais que des débats caricaturaux entre gens sous ou mal informés.

S. Brajbart La position de Louis Michel dans le conflit n'est pas très limpide pour bien des juifs de Belgique.

A. De Decker Louis Michel a assisté à un dynamitage de maison à Gaza. Il en a gardé un souvenir marquant. Je sais qu'il souhaite une solution équilibrée et politique du conflit.

S. Brajbart Mais un homme d'État ne doit-il pas faire abstraction de ses émotions et rationaliser l'événement auquel il assiste ?

A. De Decker Pas nécessairement. A certains moments, sur des problèmes comme celui-ci, les émotions doivent parler aussi. Parce que, parfois, c'est le seul moyen de faire bouger les choses.

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