Les Juifs de l'avenir

Claude Kandiyoti, 23 ans et de nationalité belge, est président de la World Union of Jewish Students (WUJS), une institution dont le siège est actuellement à Jérusalem, mais qui fut créée à Anvers en 1924 par Albert Einstein.
À l'époque, l'objectif de cette organisation était de lutter contre le numerus clausus imposé aux Juifs dans certaines universités.

Quel est aujourd'hui l'avenir des étudiants juifs ?

Claude Kandiyoti : Vu l'absence de menace extérieure, les étudiants ont aujourd'hui la liberté de choisir la manière dont ils vont vivre leur judaïsme sur le campus. Notre travail consiste à donner aux nouvelles générations de leaders estudiantins une formation basée avant tout sur les sources du savoir juif, en leur apprenant notre histoire et notre culture de manière à ce qu'ils puissent toucher un maximum d'étudiants juifs à travers le monde.

Quelle aide attendez-vous aujourd'hui du Congrès Juif Mondial ?

Nous voulons créer un nouveau partenariat. Il s'agit de faire comprendre aux communautés juives que nous sommes leur futur et qu'elles doivent investir en nous, les jeunes. Nous avons les idées. Notre présence sur les campus nous permet de voir les problèmes et les besoins de la jeunesse juive. Au monde adulte d'être à notre écoute et de nous aider à mener les initiatives à bien.

Le trouvez-vous ouvert à vos idées et initiatives ?

La jeunesse juive est la priorité et l'angoisse de chaque leader juif, mais peu d'entre eux sont réellement à l'écoute des idées des jeunes. Nous faisons partie d'un groupe de conseil pour le ministère israélien des Affaires étrangères et d'un autre pour l'Agence juive. Mais par ailleurs, nous sentons de la part des communautés juives une volonté de protéger, malgré elle, la jeunesse juive du monde extérieur, de l'enfermer dans une sorte de cocon communautaire.

Prônez-vous l'intégration d'étudiants imprégnés de valeurs juives au sein d'organisations non juives ou le militantisme au sein d'organisations juives?

À l'image du mouvement des Lumières créé par Moses Mendelssohn dans le monde juif au XVIIIe siècle, je crois que les étudiants doivent pouvoir diffuser les valeurs juives issues de la Torah et de la Bible. Non que j'appelle à un retour à la religion, mais je pense qu'il faut connaître le Texte en lui-même pour pouvoir l'employer.

“Il s'agit de faire comprendre que nous sommes sur le futur et qu'elles viennent investir en nous, les jeunes.”

Existe-t-il un profil-type de l'étudiant juif ?

Non. En termes généraux, je crois que coexistent deux courants principaux. D'une part, il y a ceux qui recherchent une dimension spirituelle, en éprouvant le besoin de plus de judaïsme en soi. Et d'autre part, il y a ceux qui désirent plutôt s'émanciper de leur judaïsme. Nous devons arriver à approcher ces derniers en les amenant à s'intéresser au judaïsme qu'ils ont en eux.

Par quels moyens ?

Si l'on arrive à les intéresser au moins une fois à l'une ou l'autre activité, une partie du travail est déjà effectuée. À ceux qui travaillent sur les campus à travers le monde de trouver les idées porteuses.

Votre action est orientée par un leitmotiv : « Chalom babait » (la paix dans la maison). Qu'est-ce à dire ?

Il y a aujourd'hui dans les communautés juives à travers le monde trop de courants différents qui ne parlent pas la même langue. Il faut pouvoir trouver un lieu de dialogue entre tous, promouvoir une communication entre les Juifs pour parvenir à la paix entre nous, la paix dans la maison.

Propos recueillis par Arnaud Zajtmam

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